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Place bourse Bordeaux

Le classement de 1855 à Bordeaux

Rédigé par Loïc Torri
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La formule, sur toutes les langues des amateurs de vins des quatre coins du monde, mérite que l’on s’y attarde. De quoi s’agit-il, tout d’abord?

Comme son nom l’indique, le classement de 1855 est une hiérarchie des grands crus de Rive gauche (et seulement de Rive gauche), en Bordeaux. Commandée par Napoléon III à la Chambre de commerce lors de l’Exposition Universelle de Paris, en 1855, elle consacre l’excellence des terroirs et domaines viticoles bordelais.

Dans les faits, le classement de 1855, lors de son établissement, octroie le titre de Premier Cru à 4 châteaux (les mythiques Lafite-Rothschild, Latour, Margaux et Haut-Brion, d’une qualité et d’une valeur incomparables), celui de Second Cru à 12 autres, de Troisième Cru également à 14, de Quatrième Cru à 11 et enfin de Cinquième Cru à 16. En outre, dans le Sauternais, c’est l’inimitable château Yquem qui devient le seul et unique détenteur de l’appellation Premier Cru Supérieur, suivi de 9 Premiers Crus et 11 Seconds Crus.

L’autre particularité de cette hiérarchie est sa stabilité et son influence. De fait, le classement de 1855, en 150 ans d’existence, n’a été modifié que deux fois : la première, le 16 septembre 1855, a permis au Château Cantemerle d’accéder au Cinquième Cru, tandis que la seconde, en juin 1973, consolida le statut de légende du Château Mouton-Rothschild en le promouvant de Second à Premier Cru, rejoignant ainsi le panthéon des vins bordelais. D’autres changements, liés non pas au classement en tant que tel mais à la fusion ou division de divers châteaux, ont amené ce dernier à la forme que nous lui connaissant à présent, soit 61 crus rouges (5 Premiers, 14 Seconds, 14 Troisièmes, 10 Quatrièmes et 18 Cinquièmes) et 27 crus blancs (1 Premier Supérieur, 11 Premiers et 15 Deuxièmes).

Aujourd’hui encore, le classement de 1855 fait office de référence, tant en matière de prix que de qualité. De fait, les différences de tarif entre un Premier ou un Second Cru suffisent à elles seules à convaincre le consommateur de l’influence encore prépondérante de cette hiérarchie sur la perception globale des grands vins de Bordeaux. Pourtant, à l’instar de nombreuses autres institutions viticoles séculaires, le classement de 1855 essuie, lui aussi, des critiques de plus en plus nombreuses, qui remettent en cause sa pertinence à l’heure actuelle et lui reprochent sa responsabilité dans la spéculation débridée faisant grimper en flèche les prix des vins du haut du tableau. Qui sait, dès lors, ce que l’avenir réserve à ce monument du vignoble bordelais ? Quoi qu’il en soit, pour l’heure, nul doute qu’il constitue encore et toujours un indicateur fiable du niveau de prestige dont jouissent les vignobles bordelais.

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classement 1855