Le Classement de St-Émilion
Joyau du Libournais, le vignoble de St-Émilion comprend parmi les crus les plus prestigieux de la planète. Et pour cause : ceux-ci proviennent de terroirs exceptionnels dont la production est rigoureusement encadrée par les restrictions des multiples subdivisions de l’appellation et par un classement propre à la région, entériné en 1955 et désormais sous l’autorité de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine). Ledit classement est à distinguer de celui de 1855, traitant lui des Bordeaux de la Rive Gauche (aussi appelée vignoble médocain). Sa particularité réside dans sa fréquence de révision, fixée à 10 ans (la hiérarchie de 1855 n’ayant, elle, été modifiée que deux fois depuis sa création). Ainsi, la quintessence de St-Émilion se répartit en trois appellations : St-Émilion Grand Cru Classé, St-Émilion Premier Grand Cru Classé (couramment appelée, de façon informelle, St-Émilion Premier Grand Cru Classé B) et St-Émilion Premier Grand Cru Classé A.
En deux mots, cette triade représente un degré d’excellence, de prestige et de qualité toujours plus marqué au fur et à mesure que l’on s’approche du Graal, l’appellation mythique de St-Émilion Premier Grand Cru Classé A. Ces trois désignations concernent respectivement 64, 14 et 4 propriétés réputées pour la finesse de leurs vins. Depuis 2012, les Châteaux Angélus et Pavie ont de fait rejoint le sommet de la hiérarchie, jusqu’ici jalousement gardé par les légendaires Ausone et Cheval Blanc. Ces nectars, susceptibles de traverser les décennies avec aisance, s’arrachent à prix d’or et sont férocement recherchés par les amateurs du monde entier. C’est ainsi sans surprise que l’atteinte du dernier cercle du classement représente, pour les domaines, un sésame avidement convoité.
Cependant, à l’heure où nous écrivons ces lignes, la prochaine révision du classement de St-Émilion, prévue pour cette année, promet d’être mouvementée : les Châteaux Angélus, Ausone et Cheval Blanc, monuments de l’appellation, ont retiré leur candidature pour le maintien de leur prestigieux titre, véritable coup de tonnerre œnologique. Ceux-ci mettent en avant, pour justifier leur décision, la primauté accordée à des critères mercantiles et accessoires (communication, publicité, accueil…) au détriment du terroir et du goût. Affaire à suivre.
